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Les soignants sont un public particulièrement exposé au syndrome d’épuisement professionnel. Prévenir, repérer et accompagner sont indispensables. En savoir plus dans cet article.
En 2021, une étude de l’HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society) et Nuances Communications portant sur le syndrome d’épuisement professionnel chez les soignants de dix pays produisait des résultats sans appel : 99% des soignants ayant répondu au questionnaire en ligne déclaraient avoir déjà ressenti les effets du burn-out au travail et 52% en avoir éprouvé « intensément » la sensation. Facteurs communément invoqués : le manque de temps au regard de la charge de travail, la pression hiérarchique, la lourdeur administrative et la perte de sens face aux tâches demandées.
Burn-out Soignant : ne pas attendre
En 2017, la Haute Autorité de santé (HAS) publiait des recommandations – toujours valables –, sous la forme d’une fiche-mémo pour permettre aux médecins traitants et du travail d’élaborer de meilleurs diagnostics du burn-out, « de proposer une prise en charge personnalisée et d’aider au retour au travail ».
Si le syndrome semble mieux connu aujourd’hui, après l’onde de choc de la crise Covid, son diagnostic reste « difficile » à établir : « Il peut souvent passer inaperçu, être diagnostiqué à tort ou encore traité de façon inadéquate (…), ses manifestations diffèrent d’un individu à l’autre, s’installent de manière progressive, voire insidieuse, et sont parfois les mêmes que pour d’autres troubles psychiques ou maladies », rappelle la HAS. En amont, certains tests existent qui peuvent aider au repérage comme le Maslach Burnout Inventory (MBI)[EG3] ou le Copenhagen Burnout Inventory (CBI).
Burn-out : quels symptômes ?
Ils peuvent être d’ordre :
• émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d’émotion...),
• cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration...),
• comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l’empathie, comportements addictifs...),
• motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation...),
• physique (troubles du sommeil, troubles musculosquelettiques, gastro-intestinaux...).
Ces symptômes n’étant pas spécifique au burn-out, la HAS recommande que le médecin traitant et le médecin du travail s’intéressent à l’environnement professionnel et, de façon plus large, aux conditions de vie de la personne fragilisée.
De la prise de conscience du burn out chez les soignants à la mise en place d’accompagnements
La HAS prône, par ailleurs, une « prise en charge individualisée du burn-out » qui peut comporter : un arrêt de travail, différentes interventions psychothérapeutiques et/ou psycho-corporelles, un traitement médicamenteux… Mais aussi des dispositions pour anticiper et préparer le retour au travail : « L’analyse du poste et des conditions de travail permettra de mettre en place d’éventuelles actions de prévention individuelle et/ou collective ». Soit une ou plusieurs visite(s) de pré-reprise avec le médecin du travail et, si besoin, des aménagements ou adaptations du poste de travail, voire des mesures visant à faciliter le reclassement du salarié ou sa réorientation professionnelle.
Dans les établissements, progressivement, des initiatives se mettent ainsi en place pour accompagner les soignants. Au CHU de Toulouse, le centre de prévention de l’épuisement professionnel (Peps) propose, par exemple, des consultations spécialisées et des ateliers aux personnels des établissements sanitaires et médico-sociaux et aux libéraux. Avec pour objectif principal d’éviter la rechute.
Suzanne Nemo