Améliorer la santé des hospitaliers
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Comment réussir une démarche QVCT à l’hôpital ? L’Anact livre sa méthode pour améliorer concrètement le bien-être et les conditions de travail des soignants.
Comme tous les employeurs, les hôpitaux sont incités à mettre en œuvre des démarches de « qualité de vie et des conditions de travail ». De quoi s’agit-il ? Comment s’y prendre ? L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a publié un guide qui répond à ces questions.
Depuis un accord national interprofessionnel de 2020, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) fait partie des thématiques de négociations obligatoires pour les organisations de plus 50 salariés. Si on ne parle plus de qualité de vie au travail (QVT), comme c’était le cas jusque-là, ce n’est pas par coquetterie. Il s’agit de recentrer les efforts sur le travail lui-même, son contenu et les modalités de sa réalisation. Trop souvent, les démarches visant le bien-être des salariés se concentrent sur les « à-côté », proposant des applications de méditation, des cours de yoga, des conseils sur le sommeil… Or de telles mesures, si elles peuvent être utiles, ne compensent pas une surcharge de travail, des moyens insuffisants, la violence de certains usagers, un manque d’autonomie, un problème de coopération entre équipes ou l’absence de perspectives professionnelles. Oser aborder de front ces questions contribue bien plus efficacement à la qualité de vie dans l’organisation.
Dans les établissements de santé, les enjeux sont particulièrement importants : la santé physique et mentale des soignants impacte la qualité de la prise en charge des patients et joue sur l’attractivité des emplois. Encore faut-il que la démarche engagée s’appuie sur la bonne méthode. C’est pourquoi l’Anact a publié un guide pratique, intitulé Dix questions sur la mise en œuvre de la QVCT.[EG1]
Une démarche « en plus » ?
En s’appuyant sur des retours d’expérience, ce guide montre que la QVCT ne vient pas s’empiler sur la liste des autres obligations (RSE, risques psycho-sociaux, égalité femmes-hommes, démarches qualité, transition écologique…). Toutes sont liées : prévenir les troubles musculosquelettiques, ouvrir une crèche d’entreprise ou adapter les locaux au réchauffement climatique contribuent à améliorer les conditions de travail. Il s’agit donc surtout d’articuler ces différentes démarches, en commençant par un bilan commun des apports et limites de chacune d’elles, de leurs synergies et de ce que peut y apporter la QVCT. Cette dernière innove surtout par sa méthode.
QVCT, une démarche basée sur la coopération
Trop souvent, les démarches portant sur la qualité de vie au travail sont menées de façon descendante, sans que les personnes les plus concernées, donc expertes du terrain, y soient réellement associées. Au contraire, la QVCT propose de mobiliser toutes les composantes de l’organisation, d’ouvrir des espaces de discussions qui encouragent les salariés à s’exprimer, à ne pas avoir peur de parler de dysfonctionnements et à proposer des solutions, mais aussi où les directions peuvent évoquer leurs propres contraintes. Confronter les points de vue et parler collectivement du travail permet de dresser un diagnostic pertinent et favorise l’émergence de solutions innovantes. Mais cela demande de la préparation. Il faut notamment créer une instance de pilotage, réunissant toutes les parties concernées et former les managers à un dialogue professionnel plus ouvert. Surtout, cela passe par l’expérimentation et l’évaluation des actions proposées, et sur le maintien de la dynamique impulsée sur le long terme.
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En savoir plus sur les étapes d’une démarche QVCT réussie : https ://www.anact.fr/10-questions-sur-la-mise-en-œuvre-de-la-qvct
Émilie Tran Phong