Améliorer la santé des hospitaliers
Dossiers à la une

Dix établissements normands obtiennent le label Green bloc et mettent en place des pratiques durables. Focus sur leurs actions écoresponsables.
Soutenus par l’ARS Normandie, dix établissements normands sont lancés dans une démarche « green bloc » (ou bloc écoresponsable). À la clé, un label supplémentaire pour ces centres hospitaliers déjà engagés dans une politique de développement durable. Passage en revue de quelques bonnes pratiques mises en œuvre.
Selon les estimations du Shift Project, les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé représentent autour de 49 millions de tonnes de CO2, soit plus de 8 % de l’empreinte carbone de la France. Parmi elles, les blocs opératoires concentreraient un quart de cette empreinte carbone. Afin d’accompagner les établissements dans leur démarche de réduction de l’impact environnemental, l’ARS Normandie et l’OMéDIT* Normandie ont lancé un appel à candidature à destination des établissements souhaitant obtenir un label « bloc écoresponsable ou green bloc ».
10 lauréats sélectionnés
Chez chacun des dix établissements retenus, une équipe projet est identifiée, incluant l’ensemble des professions impliquées dans le projet. Un groupe régional green bloc a également été mis en place afin de construire un référentiel de bonnes pratiques, d’en faciliter le partage, leur adoption et d’accélérer leur déploiement dans les établissements normands.
Ces dix acteurs partagent déjà, selon l’ARS « une ambition globale de développement des compétences, de réduction des déchets ou encore d’écoconception des soins ». C’est ainsi que le CHU de Caen projette la suppression progressive du protoxyde d’azote et à celle du matériel à usage unique. Le CHU de Rouen, quant à lui, met en place une filière de médicaments non utilisés pour traiter les déchets et réduire les expositions professionnelles des agents aux fumées chirurgicales ou aux formols. C’est également la démarche de la Fondation Hospitalière de la Miséricorde à Caen, dont les actions menées portent sur la réduction du gaspillage de matériel, la re-stérilisation au détriment de l’usage unique, la mise en place d’une filière d’élimination de produits écotoxiques et le recyclage des déchets valorisables. Cet établissement organise, en outre, la montée en charge de téléconsultations pour éviter les transports répétés.
Formation des agents, techniques alternatives et remplacement des produits
L’axe de la formation figure parmi de nombreux projets d’établissements : à la démarche de développement durable pour le groupe hospitalier du Havre, aux méthodes sédatives non médicamenteuses comme l’hypnose ou la musique au Centre de lutte contre le cancer de Caen, pour les infirmières de la salle de surveillance post-interventionnelle et les infirmières anesthésistes de la clinique Tous Vents à Lillebonne ou du centre hospitalier de Lisieux, ou encore à l’aromathérapie au GHT Caux-Maritime.
De plus, tous les blocs s’engagent dans une politique de révision de leurs achats médicaux vers du matériel durable, la réduction et la réutilisation des dispositifs médicaux et chirurgicaux, mais aussi le changement de pratiques. Le Centre de lutte contre le cancer de Caen prévoit ainsi l’installation d’une fontaine à eau sécurisée en salle de réveil, l’Hôpital Saint-Martin de Caen des packs chirurgicaux et des tenues en tissu, tandis que celui de Lillebonne promeut le non-port de gants lors des injections intramusculaires, sous-cutanées, intradermiques et la pose de perfusions sous-cutanées.
Enfin, et c’est une spécificité du bloc, l’usage des produits anesthésiques toxiques pour l’environnement est repensé. C’est le cas au groupe hospitalier du Havre qui vise la suppression des gaz anesthésiants toxique et une gestion pertinente et précise des produits de pharmacie. L’Hôpital Saint Martin de Caen suspend le protoxyde d’azote en anesthésie générale, comme les Hôpitaux du Sud-Manche qui développent un parcours patient inspiré de l’éco conception du soin. De son côté, le GHT Caux-Maritime décide l’arrêt total du Desflurane et la baisse de la déperdition en N2O par l’arrêt de la distribution réseau au profit de bouteilles.
Autant de bonnes pratiques très concrètes qui font avancer les établissements hospitaliers vers plus de durabilité…
Suzanne Nemo
* Observatoires des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques.