Améliorer la santé des hospitaliers
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Pour répondre à des enjeux économiques, solidaires et durables, la filière du matériel médical reconditionné est une solution fiable, mais encore peu exploitée. Présentation d’un secteur qui se consolide peu à peu.
Né du réseau Envie regroupant des entreprises d’insertion1, Envie autonomie a répondu à la sollicitation de structures accompagnant des personnes handicapées ne parvenant pas à s’équiper en aides techniques malgré la solidarité nationale (Assurance maladie, mutuelles, départements …). Une filière de reconditionnement du matériel médical (aide à la mobilité, au maintien à domicile, à l’hygiène et au transfert) s’est développée depuis 2015 pour répondre aux besoins des établissements sanitaires et médico-sociaux, ainsi qu’aux particuliers2. Le principe ? Récupérer du matériel encore en bon état mais non entretenu ou inutilisé, le trier, passer une partie en atelier où du personnel en insertion le remet en état avec des process garantissant sécurité et qualité. L’avantage ? Des économies substantielles de l’ordre de 50% à 60% par rapport à un appareil neuf et la participation à un modèle économique et social vertueux.
Une nouvelle façon de gérer ses stocks de matériel
Selon Philippe Robin, directeur général d’Envie Autonomie, il s’agit de créer une boucle d’économie circulaire : « 30% du matériel jeté pourrait être reconditionné. Nous proposons aux établissements de prolonger l’usage de leurs équipements grâce à la maintenance préventive en intégrant de la pièce d’occasion pour baisser les coûts. Quand cela est possible, nous pouvons reconditionner leur propre matériel pour repartir avec un appareil en parfait état bénéficiant d’une garantie de deux ans. Ils peuvent également donner ce qui ne leur sert plus au lieu de le jeter. C’est une façon de contribuer au modèle. » Ne pouvant en revanche équiper des services en totalité, les entreprises du réseau d’insertion fonctionnent souvent avec les établissements ou les GHT en complément d’achats de matériel neuf.
Un modèle économique encore fragile
En 2023, le réseau a collecté 33 000 aides techniques et en a reconditionné et redistribué seulement 8 000, dont la moitié dans les établissements. Signe que la filière est encore peu connue ou pratiquée : « De nombreux établissements encouragent le réemploi en donnant ce qu’ils n’utilisent plus. Mais ils pourraient contribuer davantage en intégrant dans leur politique d’achat le matériel reconditionné », prône Philippe Robin. Ce dernier reste optimiste cependant : « Tous les acheteurs qui passent dans nos centres sont surpris par la qualité, la comparant au neuf. »
D’autant qu’en plus du coût, le bénéfice est aussi environnemental. À titre d’exemple, un fauteuil roulant reconditionné émet 97 % de CO2 en moins qu’un neuf… La seconde main pourrait ainsi aider à remplir les Contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (Cpom), qui s’appliquent à l’ensemble des Ehpad d’un même gestionnaire sur un territoire et qui intègrent à présent des critères de développement durable dans leur cahier des charges.
Reste la décision du côté de la Sécurité sociale pour que ce matériel reconditionné soit pris en charge. La Loi de Finances 2020 avait décidé la prise en charge des aides techniques « remises en bon état d’usage » avec, pour première étape, les fauteuils roulants manuels ou électriques. La signature du décret d’application est depuis en attente.
Suzanne Nemo
1/ Les entreprises d’insertion accompagnent les chômeurs longue durée, les personnes vivant avec les minima sociaux vers un retour à l’emploi durable en proposant un contrat de travail de deux ans au maximum. Le réseau Envie répare et reconditionne du matériel électro-ménager, collecte et traite des déchets, etc.
2/ 50 % des produits sont revendus aux établissements, 50 % aux particuliers en moyenne.