Améliorer la santé des hospitaliers
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Le GHT Psy-sud-Paris lutte contre les perturbateurs endocriniens en adoptant des actions concrètes pour un environnement hospitalier plus sain et durable.
Le groupement hospitalier de territoire (GHT) Psy-sud-Paris s’engage en faveur de l’élimination des perturbateurs endocriniens dans ses établissements. Une démarche qui entend impulser une dynamique plus globale.
Le GHT Psy-sud-Paris1 est le premier établissement de santé à avoir signé la charte villes et territoires sans perturbateurs endocriniens. Il s’engage ainsi à réduire, voire éliminer, ces substances chimiques qui se nichent absolument partout et dont la nocivité sur la santé est aujourd’hui prouvée2. « Cette charte s’adresse plutôt aux collectivités territoriales, mais l’hôpital est une petite ville en soi. Les patients restent de longs mois chez nous et c’est peut-être l’occasion de les accueillir dans de bonnes conditions environnementales », observe Hamama Bourabaa, directrice des achats, de la logistique et du développement durable du GHT. Convaincue de la nécessité de mener une démarche puissante de transition écologique., cette dernière coordonne le projet, soutenue par son directeur, Lazare Reyes.
Des actions concrètes tous azimuts
Le Réseau environnement-santé, lanceur d’alerte en santé environnementale, accompagne le GHT dans les attendus de la charte appliqués au domaine hospitalier.
Les actions concrètes sont diverses : « Nous avons d’abord recensé les nombreux produits ou matériaux contenant des perturbateurs endocriniens afin de définir des objectifs, détaille Hamama Bourabaa. Ensuite, nous avons décidé de ne plus utiliser de produits chimiques phytosanitaires ou biocides (qui détruisent ou repoussent champignons, bactéries, virus, rongeurs, insectes…). Et pour le bionettoyage des sols, nous sommes passés au nettoyage à l’eau avec des balais mop en microfibres. Par ailleurs, nous coopérons avec les services techniques pour utiliser des matériaux sans perturbateurs endocriniens dans les revêtements de sol, les colles, les vernis, les résines ou encore les gaines de fil électrique. »
Un important travail est aussi mené sur l’alimentation composée actuellement de 23% de bio, tandis que 30% des achats sont issus de circuits courts, l’objectif étant d’atteindre 100%. Autre exemple, les bouteilles d’eau sont remplacées par des pichets : soit en verre, soit, pour les chambres d’isolement en psychiatrie, par des gobelets en plastique souple sans perturbateur.
Outre la volonté de communiquer sur ces actions, le GHT souhaite également sensibiliser ses personnels pour changer les usages de consommation : « Avec le Réseau environnement-santé, nous prévoyons d’organiser des ateliers lors de la prochaine Semaine européenne du développement durable. Par exemple, en faisant des tests sur les cheveux des équipes afin de mesure le taux de phtalates dans les organismes. Nous délivrerons ensuite des consignes faciles à appliquer à la maison (enlever les contenants en plastiques, utiliser une autre poêle…) et remesurerons le taux quelques temps plus tard pour vérifier son évolution. »
Impulser une dynamique plus globale
Avec cette démarche, le GHT espère créer une adhésion qui dépasse son seul périmètre. « Nous souhaitons œuvrer pour notre établissement, mais aussi plus largement pour contribuer à la mise en œuvre de nouvelles normes environnementales qui auront des effets immédiats sur la baisse des maladies chroniques, conclut Hamama Bourabaa. De nombreux hôpitaux sont présents dans le Val-de-Marne que nous pourrions inspirer en menant des actions de prévention communes avec la Caisse primaire d’Assurance maladie. D’autant que le taux de cancer (notamment du sein) sont élevés dans le département. Il s’agit d’une question de santé publique sur laquelle la France, dont la prévalence oncologique est importante, doit se pencher », conclut Hamama Bourabaa.
Suzanne Nemo
1 Piloté par le groupe hospitalier Paul-Guiraud à Villejuif, mais qui englobe également la Fondation-Vallée à Gentilly (Val-de-Marne) ainsi que l'établissement public de santé Erasme d'Antony (Hauts-de-Seine).
2 Sa responsabilité est notamment scientifiquement reconnue dans certaines pathologies mentales chroniques, notamment les troubles neuro-développementaux.