Améliorer la santé des hospitaliers
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Le projet Valoris analyse l'impact économique de l'absentéisme et du présentéisme dans les hôpitaux. Découvrez en plus.
L’absentéisme des personnels soignants représente un enjeu majeur dans le secteur de la santé. Le présentéisme est tout aussi préoccupant. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet Valoris. Son objectif : estimer les coûts indirects associés à la perte de productivité pour raisons de santé chez les professionnels hospitaliers. Pour appuyer ses résultats, un questionnaire vise à recueillir les retours d’expérience des directeurs exerçant dans les établissements de santé.
Réalisé par l’EHESP, en partenariat avec la Fondation MNH, le projet Valoris est porté par Nicolas Sirven, professeur des universités à l’EHESP et titulaire de la chaire Économie et Management des établissements. Ce projet entend définir des coefficients multiplicateurs simples afin de valoriser monétairement l’absentéisme et le présentéisme dans les établissements de santé. Avec l’objectif de démontrer que le coût de l’inaction dépasse celui de la mise en œuvre de programmes de prévention.
Le présentéisme coûte aussi
Le projet Valoris repose sur l’étude de Strömberg et al. (menée en Suède en 2017) qui a chiffré le coût de l’absentéisme, adaptée au contexte du système hospitalier français. « Selon cette étude, chaque jour d’absence pèse deux fois le salaire de la personne si on additionne le coût du salaire aux coûts qui couvrent les mesures nécessaires pour assurer une continuité d’activité », explique Nicolas Sirven. Ces coûts atteignent environ 4,5 milliards d’euros, mais sont sous-évalués. « En effet, si l’absentéisme relève souvent d’un épisode aigu, le présentéisme s’inscrit dans la durée, avant ou après l’absence. Et cela impacte la productivité du professionnel. » Selon l’étude de Strömberg, le coût du présentéisme serait ainsi estimé à 1,7 fois celui du salaire. « Le présentéisme doit être considéré comme un problème coûteux à l’hôpital, tant en termes de productivité que de qualité des soins », poursuit-il.
Évaluer l’impact sur la qualité des soins
Le projet Valoris entend aussi valoriser la perte de qualité des soins associée à l’absentéisme ou au présentéisme. « Si l’absentéisme ou le présentéisme génère une perte de chance chez le patient ou une hausse du taux de réadmission, nous pouvons le chiffrer. Notre étude est la première à démontrer que, si le volume de soins est maintenu, la qualité des soins est, elle, impactée par l’absentéisme et le présentéisme. Et nous allons mesurer le coût économique de cette perte de qualité », complète Nicolas Sirven.
Un questionnaire pour orienter les décisions
Pour appuyer ses constats, et affiner le calcul des coefficients multiplicateurs, l’équipe projet a initié un questionnaire auquel il est possible de répondre depuis fin janvier. Il s’adresse aux responsables d’équipe (directeurs d’hôpital, cadres de santé, médecins managers) dans les établissements de santé. Il entend recueillir leur point de vue sur l’impact des problèmes de santé des professionnels soignants sur l’activité et la qualité des soins. Il sera élargi aux EHPAD en juin prochain. « Répondre à ce questionnaire ne prend que dix minutes et portera la voix des décideurs sur la réalité de leurs conditions de travail quotidiennes », conclut Nicolas Sirven.
Pour répondre au questionnaire : Cliquez ici, lien disponible jusqu’à fin avril 2025.
Nadège Audegond