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À Reims comme à Gonesse, les besoins des équipes ont été au cœur des réflexions architecturales et organisationnelles présidant à la construction d’établissements flambant neufs. Une implication des services qui contribue à attirer et à fidéliser les soignants.
Installé sur 86 000 m² qui abritent 938 places et lits, le nouveau centre hospitalier de Gonesse a ouvert ses portes à l’été 2016. Le nouveau centre hospitalier universitaire de Reims fait, quant à lui, l’objet de travaux en deux phases. La première s’est achevée en septembre 2024 avec l’ouverture d’un bâtiment de 58 000 m² entièrement reconstruit, comptant 476 lits et places. Repenser en profondeur l’architecture de ces deux établissements a également été l’occasion de revoir l’organisation du travail, de manière à mieux répondre aux besoins exprimés par les soignants.
Des soignants en quête de meilleures conditions d’exercice
À l’heure où les hôpitaux connaissent de grandes tensions de recrutement, en particulier sur les personnels soignants, sonder les attentes de ces derniers est primordial. Et ce, d’autant plus quand d’importants travaux permettent d’adapter leur outil de travail à leurs exigences. Les équipes du CHU de Reims ont ainsi été impliquées dans la reconstruction de leur établissement à chaque phase du projet. « Ils ont notamment manifesté le besoin de travailler en lumière naturelle, relate Thierry Brugeat, coordonnateur général des soins. Ce souhait récurrent a été pris en compte par l’hôpital, qui comptait jusqu’alors des services en sous-sol. C’est également le cas à l’hôpital de Gonesse, où « la lumière naturelle est partout favorisée par de larges ouvertures », explique son directeur Jean Pinson. Autre attente exprimée : une plus grande cohérence de parcours. À Gonesse, cela passe notamment par un meilleur regroupement des services.
« Les architectes ont imaginé des proximités utiles, avec des axes de déplacement efficaces pour relier les points névralgiques, expose Jean Pinson. Cela permet de gagner un temps précieux dans la prise en charge et de rendre les circulations plus agréables. »
Le parcours des patients est lui aussi simplifié. « Cela faisait partie des difficultés mises en avant par le personnel, raconte Thierry Brugeat, du CHU de Reims. Consultations et imagerie sont maintenant à côté, par exemple. Un travail important a également été mené avec les équipes sur la signalétique. » Et il n’y a pas que sur ce sujet que les attentes des soignants et des patients se rejoignent. Les chambres individuelles, qui représentent désormais 85 % de l’offre hôtelière du bâtiment fraîchement inauguré à Reims, en sont une bonne illustration.
Un quotidien facilité par la mécanisation et l’automatisation
« Voisin bruyant, non-mixité, patients infectés… Les chambres partagées, peu appréciées des patients, étaient aussi une source de difficultés pour les professionnels, estime Thierry Brugeat. Les chambres particulières viennent simplifier la gestion au quotidien, surtout pour les cadres. » Des chambres ont en outre été pensées pour les personnes à mobilité réduite et les patients obèses. « Elles sont équipées de rails lève-patients et de mobilier adaptés, détaille Marie Henry, directrice adjointe du pôle PILATE du CHU en charge du projet Nouvel Hôpital. Cela contribue à l’amélioration conjointe des conditions de travail des professionnels et de la prise en charge des patients. » Un « cercle vertueux » dont est aussi convaincu Jean Pinson, à la tête de l’hôpital de Gonesse, où 75 % des chambres donnent aujourd’hui sur des espaces verts : « Le confort dont bénéficient nos malades facilite leur prise en charge et allège pour une part le travail des soignants. »
Enfin, l’automatisation a été développée dans les deux établissements, de manière à soulager le quotidien des professionnels. À Gonesse, de grands volumes de produits et de matériels sont transportés par des robots entièrement autonomes. « Ce sont des milliers de tonnes par an que les personnels n’ont plus à pousser à bout de bras », se réjouit Jean Pinson. Le CHU de Reims s’est doté de transports automatisés lourds chargés de monter les chariots dans les étages, de petits robots pour le transport de médicaments ou encore d’un système de pneumatiques pour la circulation des tubes de prélèvements. « On a aussi créé un métier dédié à la logistique des derniers mètres pour assister les professionnels du soin », précise Marie Henry. Autant de nouveautés qui répondent à deux grandes volontés, résume Thierry Brugeat : « recentrer les soignants sur leur cœur de métier et réduire les tâches pénibles, notamment sources de troubles musculo-squelettiques ». Ou quand l’innovation se met au service des ressources humaines.
Marie Houssiaux
Au CH de Gonesse