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Le 2e colloque « Recherches et innovations sur la santé des professionnels de santé » a eu lieu le 9 avril au Ministère de la santé et de l’accès aux soins.
Le 2e colloque « Recherches et innovations sur la santé des professionnels de santé » a eu lieu le 9 avril au Ministère de la santé et de l’accès aux soins. L’occasion de présenter les premiers résultats des programmes de recherches portés par la Fondation MNH et la Drees, co-organisateurs de l’événement. Les nouveaux travaux menés et les initiatives de terrain autour de la santé de celles et ceux qui soignent ont également été mis en lumière. Autant d’éclairages précieux sur un sujet crucial.
Comme en 2024, ce sont les docteurs Élisabeth Fery-Lemonnier, conseillère médicale du directeur de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et Philippe Denormandie, délégué général de la Fondation MNH, qui ont animé cet après-midi riche en interventions et en échanges. Plus d’une vingtaine de personnes ont partagé leurs avancées et leurs connaissances à travers 21 projets, axes de recherche et autres initiatives qui contribuent à mettre la santé des soignants au cœur des préoccupations scientifiques, sociétales et politiques.
Un comité de suivi annoncé en exclusivité par le ministre
« Nous espérons que ce colloque sera une étape dans la construction de solutions durables pour améliorer la santé de tous les professionnels de santé, quels que soient leur métier et leur secteur d’activité », a appelé de ses vœux Frank Watremez, président de la Fondation MNH, chargé d’introduire l’événement. Celui-ci a aussi rappelé que la Fondation MNH, qui soutient des projets autour de la médiation en santé et de la santé des professionnels de santé, se positionnait également comme « passeur de savoirs et d’expériences ». Fabrice Lenglart, directeur de la Drees, s’est pour sa part réjoui du partenariat renouvelé entre son administration et la Fondation MNH, et de « l’outil formidable » que constitue, pour les chercheurs impliqués dans la problématique de la santé des soignants, la base de données EDP-Santé, fruit de l’appariement des données socio-économiques de l’échantillon démographique permanent (EDP) au Système national des données de santé (SNDS).
Empêché, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, n’a pas moins participé à l’organisation de cet événement accueilli dans son ministère. Aussi a-t-il tenu à s’adresser aux participants dans une vidéo, diffusée en préambule. « Pour prendre correctement soin des autres, encore faut-il d’abord prendre soin de soi, pouvoir le faire et avoir les moyens de correctement le faire », a estimé le ministre. Évoquant une « annonce très attendue », il a confirmé la création prochaine d’un comité de suivi des actions et mesures mises en place autour de la santé des professionnels de santé, « une priorité et un axe » sur lesquels il entend « faire bouger les lignes et les pratiques. » « En plus des travaux scientifiques, de plus en plus nombreux, je serai attentif à ce que ce comité s’appuie et s’inspire largement de toutes les initiatives et innovations mises en place sur le terrain », a ajouté Yannick Neuder, saluant l’investissement et la « véritable coalition » des pouvoirs publics, des administrations, des établissements de santé et de l’enseignement supérieur, ainsi que des associations et des fondations.
Un an après, des recherches qui portent leurs premiers fruits
Pour sa deuxième édition, le colloque « Recherches et innovations sur la santé des professionnels de santé » s’est déroulé en trois temps. La première partie a donné l’occasion aux porteurs des projets soutenus par la Fondation MNH et la Drees de faire un point d’étape sur leurs recherches. Les organisateurs du colloque ont également souhaité mettre en lumière de nouvelles recherches, et notamment les travaux en cours et à venir portés par les institutions et acteurs nationaux. La deuxième table ronde de l’après-midi a ainsi permis de présenter ces études, émanant notamment des équipes de recherche de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), de la Drees, de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et de la Haute autorité de santé (HAS).
En complément de ces travaux de recherche particulièrement prometteurs, la troisième et dernière table ronde a permis d’évoquer des initiatives de terrain inspirantes, qui offrent des solutions très concrètes en matière de santé des soignants.
Les lauréats du Prix Santé des Soignants, lancé à l’automne dernier par la Fondation MNH et la Fondation des Hôpitaux, ont d’ailleurs été présentés au public à l’occasion de cette ultime session : Valérie Jarno, aide-soignante à la Résidence Ty Noal dans le Morbihan, à l’initiative de la mise en œuvre d’activités destinées à favoriser le bien-être de ses collègues, pour la disctinction individuelle, et Céline Schnebelen, du CHU d’Angers, dont l’équipe est à l’origine de la création d’un centre de santé dédié aux professionnels de santé du Maine-et-Loire, pour la distinction collective.
Construire une réponse globale, structurée et durable au service de la santé des soignants
Au terme de ces trois sessions, deux discours sont venus parachever ces trois heures d’interventions. Celui de Charlotte Parmentier-Lecocq, d’abord. Retenue en Allemagne où se déroulait le sommet mondial du Handicap, la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées a redit, dans la vidéo enregistrée pour l’occasion, l’importance de prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. « Nous avons une responsabilité immense : celle de protéger celles et ceux qui nous protègent », a insisté la ministre déléguée, qui souhaite « faire en sorte que la santé des professionnels de santé ne soit plus une option, mais une évidence. »
Le dernier mot est revenu à Benoît Fraslin, président de la MNH, qui a notamment tenu à remercier la Drees et l’EHESP, deux partenaires privilégiés de la Fondation MNH. Il s’est réjoui de voir avancer, mois après mois, les travaux de recherche qu’elle soutient, et a également tenu à saluer les initiatives, nombreuses et prometteuses, présentées tout au long du colloque. « Nous sommes convaincus qu’un professionnel de santé en bonne santé soigne mieux. Ce principe doit guider durablement nos actions. Ce colloque, comme nos autres engagements — publications, prix, coalition d'acteurs — vise à faire émerger des passerelles concrètes entre chercheurs, acteurs de terrain et décideurs. »
Il a enfin souligné l’importance d’une approche fondée sur les données, attentive à la diversité des contextes d’exercice, et ouverte à la coopération : « En créant des liens solides entre les acteurs, nous renforçons collectivement notre capacité à agir. La santé des soignants mérite une réponse globale, structurée et durable. »
Les intervenant du 2e colloque « Recherches et innovations sur la santé des professionnels de santé »
• Quentin Gicquel Ibeka, en formation à l’EHESP, pour sa cartographie des auteurs de travaux de recherche sur la santé des professionnels de santé en France.
• Mélanie Araujo, biostatisticienne au sein d’une équipe INSERM CERPOP et au CHU de Toulouse, pour WOCAPREG, qui mesure l’impact de la profession et des conditions de travail sur la grossesse des professionnelles de santé.
• Alexis Descatha, PU-PH, médecin chercheur dans l’UMR1085 (IRSET), équipe ESTER, SFR ICAT, INSERM, Université d’Angers, CHU d’Angers, venu présenté l’application permettant de visualiser les résultats de l’étude Soignances (cohorte des Soignants dans CONSTANCES), qu’il coordonne, et dont l’objectif est de développer et valider une matrice emplois-expositions spécifique aux professions de santé.
• Céline Lamouroux, médecin du travail à Lyon, et Marie Viprey, maître de conférences en santé publique aux Hospices Civils de Lyon, qui poursuivent leurs travaux dans le cadre du projet CAPESSA (pratiques de dépistage, incidence et mortalité par cancer chez les personnels du secteur de la santé), avec des résultats définitifs attendus fin 2025.
• Julia Legrand, docteure en sociologie et Estelle Augé, docteure en sciences économiques, pour les avancées du projet TRAILSS (TRAjectoires des Infirmières entre le Libéral et le Salariat, Santé mentale et addiction) .
• Bénédicte Jullian, PH et psychiatre addictologue au CHU Toulouse, pour la revue de la littérature grise du DIU Soigner les soignants, et une première synthèse de ce qui ressort des mémoires produits par les étudiants du diplôme.
• Camille Parent, de la Drees, auteure d’une étude publiée en 2023 sur la santé mentale des soignants durant la crise sanitaire, qui est revenue sur les liens pouvant être faits avec les conditions de travail de ces professionnels de santé.
• Les chercheurs de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) pour l’étude VALORIS sur le coût de la mauvaise santé des professionnels de santé, dont les résultats sont en cours de solidification, de diffusion et d’élargissement, l’étude SANSAS sur les attitudes et pratiques des soignants vis-à-vis de leur santé, ainsi qu’une étude intitulée « Interruption de carrières pour raisons de santé dans la FPH : quelles données à disposition ? ».
• Anne-Charlotte Bas, économiste de la santé et chirurgien-dentiste, de l’université de Rouen, et Annabelle Tenenbaum, chirurgien-dentiste et MCU-PH, en santé publique, de l’université Paris Cité, qui entament leurs travaux autour du recours aux soins buccodentaires chez les soignants, avec le soutien de la Fondation MNH.
• Amélie Lansiaux, de la Haute autorité de santé (HAS), mobilisée sur le sujet « Qualité et sécurité des soins : la santé des professionnels de santé au cœur des enjeux ».
• Laure Le douce, de la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM), pour ses travaux autour de la prévention des risques professionnels dans le secteur médico-social.
• La DREES, en la personne de Benoît Ourliac, pour la présentation des travaux de collectes de données et d’études sur les professionnels de santé.
• Matthieu Girier, de l’Anap (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux), qui a donné à voir les améliorations pratiques des professionnels de santé tout en invitant les responsables d’établissements à recourir à la bibliothèque nationale des bonnes pratiques et à solliciter l’appui (gratuit) de l’Anap, dont l’action est parfois méconnue.
• Le docteur Aurélie Avondo-Ray, de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), a présenté les travaux de lutte contre les violences en santé que sa directrice, Marie Daudé, l’a chargée de piloter fin 2024.
• Guillaume Cassouret, médecin en chef au ministère des Armées et à la direction centrale du service de santé des Armées, pour une présentation de la gestion de la santé des professionnels des armées, réputée pour la régularité et la qualité de suivi des troupes.
• Benjamin Blavier, qui dirige le Centre français des fonds et fondations, sur le lancement de la coalition Fondations & Santé, fin 2024, qui a pour vocation d’unir différentes fondations, dont la Fondation MNH, pour les faire partager davantage leurs ressources et leurs expertises autour de leurs actions liées à la santé. La première thématique, qui doit donner lieu à différents projets pilotes sur 2025 et 2026, a pour objet les soignants et les soignantes oubliés.
• Alexis Bataille-Humbert, pour le lancement de C-FRAS, premier think tank pour la santé des soignants, dont les premières communications et les premiers événements sont attendus au deuxième semestre 2025.
Marie Houssiaux