Améliorer la santé des hospitaliers
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Engagé dans une démarche écoresponsable, le CHU de Brest mobilise ses équipes pour réduire l’impact environnemental de l’hôpital et inventer un modèle plus durable.
Dans le cadre de son projet d’établissements 2021-2026, « Inventons ensemble l’hôpital de demain », le CHU de Brest et ses établissements en direction commune se sont engagés dans une démarche écoresponsable qui concerne tous les pans de l’activité hospitalière et implique toutes les équipes. Présentation.
« Ne laissons pas les problèmes à nos enfants ». Tel est le mot d’ordre choisi par l’établissement breton. Avec un objectif : encourager à adopter des pratiques plus vertueuses et ainsi d’offrir aux générations futures une planète vivable.
Pour y parvenir, tous ses modes d’organisation sont revus en profondeur, avec le concours quotidien de ses 12 000 agents. De très nombreux leviers sont ainsi mobilisés, de l’adoption d’une politique d’achat volontariste à la végétalisation des repas en passant par la décarbonation du service de radiologie.
Un plan d’action, trois objectifs
Le projet d’établissements du CHU de Brest identifie trois objectifs clairs :
• améliorer la performance énergétique,
• atténuer l’impact des activités hospitalières sur l’environnement,
• réduire les gaz à effet de serre.
Concrètement, différentes actions sont mises en place, telles que le passage aux LED pour tous les éclairages, le recours aux énergies renouvelables dans tous les nouveaux bâtiments, l’acquisition de véhicules électriques ou hybrides ou l’incitation aux mobilités douces (voir photo*). « Cela passe aussi par l’attribution des marchés à des propositions économiquement et écologiquement plus avantageuses, grâce à la pondération des critères RSE dans nos appels d’offres, explique Cyril Martin, directeur des achats et de la logistique. Alors qu’ils représentaient en général 5 % de la note, nous allons désormais le plus souvent possible jusqu’à 35 % ». Conséquence : la communauté médicale adope de nouveaux usages, par exemple en achetant 1 400 tenues tissées réutilisables pour remplacer 90 % des pyjamas de bloc à usage unique.
Des repas désormais plus verts
Si la démarche brestoise se traduit par plusieurs dizaines de dispositions très concrètes, deux initiatives sont particulièrement emblématiques du virage opéré depuis 2021. La première porte sur l’alimentation. « Pour nos 6 300 repas servis quotidiennement, nous avons travaillé dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire intégrant des diététiciens, médecins et usagers, ainsi que le comité de liaison alimentation nutrition, pour aboutir à une nouvelle offre alimentaire avec des recettes qui plaisent, détaille Sandrine Beruard, directrice des fonctions logistiques. Nous avons travaillé sur des grilles saisonnières et mis en place la végétalisation de nos repas. »
Après un an, selon l’application Cool food pro, 261 tonnes de CO2 avaient déjà été économisées grâce à ces changements, qui ont notamment impliqué une augmentation du fait maison et des repas végétariens.
Décarbonation de la radiologie
Autre mesure phare : la refonte complète des pratiques d’injection scanner pour réduire l’impact environnemental de l’imagerie médicale. « Depuis 2021, nous récupérons les fonds de seringue de gadolinium, un métal rare utilisé comme agent de contraste lors d’examens IRM, se félicite le professeur Douraïed Ben Salem, neuroradiologue. Mais une partie importante est éliminée du corps par les urines et se retrouvait jusque-là dans les eaux usées. » Le CHU a donc conçu des toilettes permettant la récupération de l’iode excrété par les patients. Un changement qui n’a rien d’anecdotique : avec près de 30 000 injections par an, l’établissement brestois rejetait chaque année près de 800 litres d’iode qui, désormais, ne polluent plus l’écosystème marin. Sa démarche de radiologie verte a valu au CHU de Brest de recevoir le prix Fédération hospitalière de France (FHF) 2025 de la transition écologique en santé.
Marie Houssiaux
*Atelier « Mécacyclette » organisé lors de la Semaine du développement durable pour encourager les agents hospitaliers à adopter les mobilités douces.