Améliorer la santé des hospitaliers
Focus prévention

L’objectif du programme Sérum Psy de la MNH est de développer les compétences psychosociales des étudiants en IFSI et mieux les préparer à leur futur métier en misant sur la prévention. Découvrez les premiers résultats.
Développer les compétences psychosociales des étudiants en institut de formation en soins infirmiers (IFSI) et mieux les préparer à leur futur métier en misant sur la prévention : tel est l’objectif du programme Sérum Psy conçu et déployé par la MNH. Les premiers résultats de l’étude d’impact réalisée au sein des trois établissements pilotes valident scientifiquement la pertinence et l’utilité de cette initiative originale.
« Le programme Sérum Psy permet de transformer l’expérience en compétence. Au travers d’un travail mené en groupe, les étudiants renforcent leurs savoir-être, leur empathie et améliorent la qualité de leurs relations sociales », entame Maxence Ribet, chef de projet Prévention à la MNH.
À l’issue de la phase d’expérimentation, 45 % des étudiants affirment ainsi mieux repérer le mal-être chez leurs pairs. Ils sont aussi 35 % de plus à se déclarer de bonne humeur que dans le groupe témoin. « Et 75 % d’entre eux expriment que le programme Sérum Psy les aidera à s’épanouir dans leur futur stage en milieu professionnel », ajoute Maxence Ribet.
Pallier les difficultés rencontrées par les étudiants
À l’origine du programme Sérum Psy, un constat : les étudiants en soins infirmiers sont trois fois plus nombreux à abandonner leurs études en 2024 qu’en 2012. Par ailleurs, 71,82 % d’entre eux déclarent que leur santé mentale s’est « dégradée » ou « très dégradée » depuis leur entrée en formation1.
« Le programme Sérum Psy de la MNH vise un triple objectif : améliorer la santé psychologique des étudiants, augmenter le taux de diplomation et répondre aux enjeux de fidélisation et d’attractivité de l’hôpital public. Parce que si son stage se passe bien, un étudiant sera plus enclin à intégrer l’établissement dans lequel il l’a réalisé. Et, à plus long terme, un étudiant épanoui deviendra un professionnel épanoui », poursuit Maxence Ribet.
Autre point important qui étaye la pertinence de ce programme : les compétences psychosociales, pierre angulaire de ce programme, sont promues par Santé publique France et les pouvoirs publics.
Sérum Psy : dix séances au service des enjeux de professionnalisation
Concrètement, le programme se déroule sur dix séances. Conçu dans une logique de progression, il repose sur des contenus complémentaires aux enseignements existants. Chaque séance vise à renforcer les compétences psychosociales en s’appuyant sur des mises en situation professionnelles réalistes, qui font écho à celles rencontrées par les étudiants durant leur stage. « Ce travail collectif développe une dynamique de groupe et crée un climat favorisant l’épanouissement personnel et les relations sociales », témoigne Maxence Ribet.
Un programme qui va essaimer
De septembre à décembre 2024, le programme Sérum Psy a été expérimenté dans trois IFSI pilotes : Cherbourg, Rouvray Avicenne, Jean-Verdier. Au total, 200 étudiants y ont participé. « Nous avons constaté que le programme fonctionne mieux quand il est intégré aux modules d’enseignement obligatoire et quand les étudiants ont déjà une expérience de stage », éclaire Maxence Ribet.
À partir de septembre 2025, Sérum Psy sera déployé dans une dizaine d'IFSI et sera élargi à des instituts de formation des aides-soignants, une école de cadres de santé et une école de formation au plateau médico-technique de la région Centre-Val de Loire.
Pérenniser le programme
« Nous allons aussi former les formateurs des instituts pour qu’ils puissent animer les séances. Cela contribuera à intégrer les compétences psychosociales dans les cursus et ainsi rendre le programme pérenne », ajoute Maxence Ribet. « C’est un programme engageant et qui implique les équipes pédagogiques. C’est pourquoi nous invitons les instituts de formation qui souhaiteraient déployer ce programme à solliciter leur Agence Régionale de Santé. Ce qui favorisera une approche territoriale et impulsera une dynamique de formation dans une démarche pluriannuelle », conclut-il.
Une évaluation d’impact robuste et aux limites maîtrisées
L’évaluation d’impact a été menée par un institut indépendant. Elle repose sur une double approche quantitative et qualitative. Celle-ci a confronté les réponses à un questionnaire administré à l’ensemble de la population participante à celles d’un groupe témoin. Des variables de contrôle ont été mobilisées pour assurer la comparabilité entre le groupe témoin et le groupe participant. Et des échelles psychométriques validées scientifiquement ont été utilisées, pour garantir une mesure fiable et reconnue des compétences évaluées.
Nadège Audegond
[1] Source : enquête bien-être 2025 de la FNESI