Améliorer la santé des hospitaliers
Focus prévention

Découvrez comment les actions de prévention au HCL profitent aux patients et soignants, selon le Dr Philippe Michel.
À travers son expérience, Philippe Michel, médecin en santé publique et à la tête du service promotion, prévention et santé populationnelle dans le pôle de santé publique des Hospices civils de Lyon (HCL), observe que les actions de prévention menées auprès des patients ont un impact sur les soignants. Un constat qui guide sa démarche stratégique et modélise les initiatives de la direction de l’établissement.
Qu’est-ce qui, dans votre pratique, a orienté votre vision de la prévention auprès des soignants ?
Lorsque j’étais directeur qualité, usagers, santé populationnelle aux HCL, j’ai travaillé avec des patients partenaires au sein des équipes de soins, pour améliorer leur fonctionnement ou le vécu des personnes qui nous suivions. J’ai pu observer combien ces démarches avaient un impact direct sur les professionnels hospitaliers. Et notamment sur leur engagement et leur bien-être au travail. Puis nous nous sommes intéressés à la santé populationnelle, qui est une approche d’amélioration de la santé sur le parcours du patient. Et nous avons aussi constaté que proposer aux équipes de mener des actions de prévention peut avoir un impact sur le changement de posture des soignants. En Angleterre, la démarche MECC[1] systématise le fait d’aborder la prévention à chaque rencontre avec les patients. Et cela a un effet significatif sur les comportements des professionnels.
Comment renforcer le pouvoir d’agir des soignants en matière de prévention ?
La direction de l’établissement a un rôle fondamental à jouer au-delà de la prévention des risques professionnels. Que ce soit au travers du projet d’établissement, des orientations stratégiques, ou des missions confiées sur ce sujet aux différentes directions. Mais les hospitaliers n’ont pas tous des contraintes identiques, les mêmes besoins ou des niveaux d’engagement comparables pour leur santé. Je crois que la prévention doit être fondée sur le principe d’universalisme proportionné. C’est-à-dire que les populations qui ont moins de ressources pour gérer leur santé — connaissances, réseau social, soutien… — doivent recevoir davantage d’aide. Cela implique de repenser l’aller-vers au sein des établissements, de questionner la manière dont on redonne l'envie et le pouvoir d’agir à chacun des professionnels qui y exercent.
Quelles actions de prévention menez-vous au sein des Hospices civils de Lyon ?
Une association de femmes de professions médicales au sein des HCL réalise actuellement une enquête sur leur perception de leur propre santé. Cela permettra de caractériser leur état de santé pour, in fine, aider à la décision et mettre en place des actions concrètes. Là encore, le fait même que cela intéresse la direction envoie un signal positif aux populations hospitalières. Un travail entre les HCL et l’Université sur la santé mentale des étudiants est un autre exemple. D’autres initiatives, à échelle plus modeste, mais qui restent impactantes, sont également menées. Par exemple, dans mon équipe, nous consacrons dix minutes (montre en main !), matin et après-midi, à des étirements, de la marche, des montées et descentes d’escaliers. La prévention passe aussi par des actions parfois simples que beaucoup peuvent imaginer et mettre en œuvre dans leur propre service.
Le parcours de Philippe Michel
Philippe Michel est médecin en santé publique et débute sa carrière en tant qu’interne-chef de clinique en neurologie. Il s’engage ensuite dans l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins vis-à-vis des patients en tant que directeur de structure régionale d’appui aux établissements de santé publics et privés puis au sein de la Haute Autorité de Santé. Il mène également de nombreux travaux d’expertise, d’abord pour l’Organisation mondiale de la santé puis pour le Haut Conseil de la santé publique dans lequel il préside une commission sur l’organisation du système de santé et la sécurité. En 2013, il intègre les Hospices civils de Lyon au poste de directeur de la qualité, usagers, santé populationnelle. En 2024, il créée le service promotion, prévention et santé populationnelle dans le pôle de santé publique des HCL.
Nadège Audegond
1 MEEC : Making Every Contact Count = faire en sorte que chaque contact compte