Améliorer la santé des hospitaliers
Focus prévention

Reconnaître les signaux d’alerte et faire reculer la stigmatisation des troubles de santé mentale sont deux des objectifs de la formation aux Premiers secours en santé mentale dispensée par l’association PSSM France (Premiers Secours en Santé Mentale).
« La formation dure au total 14 heures. Il s’agit avant tout de donner confiance aux secouristes pour qu’ils interviennent auprès des personnes qui ne vont pas bien. Et éviter que la situation ne s’aggrave », entame Caroline Jeanpierre, directrice de PSSM France.
Théorie et mises en situation
Durant deux jours, les stagiaires qui suivent la formation sont notamment sensibilisés à déconstruire les idées reçues et lever les tabous concernant les troubles de santé mentale. Ils sont aussi mis en situation pour savoir comment intervenir, sans accentuer et sans stigmatiser. « Lors des simulations, nous nous assurons que les personnes formées sont en sécurité. Il n’est pas rare qu’elles aient fait face à des expériences traumatisantes avec leurs proches par exemple. Cela peut être le moteur qui les a poussées à se former, et elles revivent la scène à laquelle elles ont été confrontées », poursuit Caroline Jeanpierre. Dans ce cas, le formateur peut décider de mettre la session en pause, pour soutenir ceux qui en ont besoin.
Ne pas détourner le regard
Parce qu’il est avant tout essentiel de ne pas laisser la personne en difficulté sans aide, la formation enseigne différentes manières d’amorcer le dialogue. « Nous recommandons, par exemple, d’approcher la personne en lui disant qu’on se fait du souci pour elle et qu’elle ne peut pas rester ainsi. Ce que nous cherchons surtout, c’est aider à ne pas détourner le regard », ajoute Caroline Jeanpierre. Puis de savoir comment passer le relais aux soignants. « Les secouristes ne sont absolument pas dans la prise en charge. Comme dans les formations aux gestes de premiers secours, il s’agit de détecter la situation, orienter et donner l’alerte », poursuit-elle. Autant de points qui peuvent inciter les professionnels des établissements de santé à se former également. « Cela permet de lever les tabous et de diminuer la peur face aux patients qu’ils reçoivent. Et aussi d’intervenir de pair-à-pair, entre collègues. C’est important de réussir à améliorer et remettre du lien social entre les hospitaliers », note Caroline Jeanpierre.
Un programme ambitieux
Le programme de la formation aux premiers secours en santé mentale a été conçu en Australie au début des années 2000. « Il a été largement évalué puisque 24 essais contrôlés randomisés ont été menés et il a fait l’objet de 150 publications », remarque Caroline Jeanpierre. Depuis sa création, il a été déployé dans 29 pays, toujours avec la même approche. Lorsque des évolutions sont apportées, elles doivent être préalablement validées par un groupe pluridisciplinaire qui associe aidants, scientifiques et personnes concernées par les troubles de santé mentale. À ce jour, près de 180 000 secouristes et 1 800 formateurs ont été formés. L’objectif : former 100 000 personnes par an et atteindre 750 000 secouristes en 2030.
Nadège Audegond